Aller au contenu

Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Scène XVII


GINETTE, PIERRE

PIERRE.

Ah ! ça, suis-je un criminel ?… En faisant ce que des millions d’êtres ont fait avant moi… ne dirait-on pas que je commets une lâcheté…

GINETTE.

C’est le cri du cœur !

PIERRE.

On ne ferait pas mieux pour un traître !

GINETTE.

Dans ces grands sacrifices il y a toujours la trahison de l’amour !

PIERRE.

Alors, si je suis emporté par le coup de vent qui passe…

GINETTE.

Peut-être cette femme sent-elle obscurément que ce coup de vent-là vient d’une profondeur où elle n’avait pas sa place…

(On entend crier à côté : Simone ! Simone ! mon enfant… Ginette pousse la porte sans la fermer entièrement.)
PIERRE.

Alors, devrai-je donc me rétracter ?… Dois-je aller poser ma signature ou non ?… Une seule voix m’inquiète… Ginette, répondez-moi sincèrement, du fond de vous-même… Oubliez tout ce qui n’est pas directement et uniquement le devoir lui-même… Le devoir ! il n’y a pas autre chose en question, Ginette ! C’est vous seule que j’en-