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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/116

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tendrai… que je lise dans votre voix la vérité nécessaire… Si je m’en vais, si je vais me battre et à plein cœur, si je reviens — et je reviendrai — avec les autres, après la victoire, dites, dites, verrai-je dans vos yeux éclater l’assentiment, la fierté ! Verrai-je dans votre sourire ce quelque chose de plus et qui ne sera pas de l’amour — mais qui me remplira de bonheur, d’orgueil, qui voudra dire simplement cela… « C’est bien ! c’était ça qu’il fallait faire… Je suis contente… » Je sacrifie le foyer, l’amour, même légitime, s’il restreint la conscience et je serai heureux de céder à celui qui vous entraîne, pour la plus belle des causes, loin de la vie humble, fade et dépérissante… Ginette ! verrai-je cela… un jour… Ginette, est-ce cela que vous me direz un jour ?

(Elle le regarde avec une émotion indicible. Leurs yeux se fixent dans une intensité effroyable. Grand silence.)
GINETTE.

Oui !

PIERRE, (se redressant dans un grand mouvement de joie.)

Alors !…

(Il se précipite sur son chapeau et sort précipitamment.)

RIDEAU