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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 10, 1922.djvu/289

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ce que j’affirme : tu peux refuser de poser ta signature au bas d’un traité… Pas d’importance ! Je m’en fous !… Regarde-moi !… Un jour, un jour où il y aura beaucoup de souffrances dans l’air et par le monde… où on lui fera du mal à ta petite idée de jadis… où on voudra lui casser les ailes… alors, tu ne pourras pas te retenir, et c’est toi-même qui pousseras les deux battants de la porte en criant : « Eh bien, me voilà, nom de Dieu ! »

DARTÈS, (levant les bras.)

Qui sait !…

WHEIL.

J’ai écouté votre petit topo… Nous sommes d’accord sur un point, c’est que votre homme n’est pas mûr !…

DONADIEU.

Mais non, il n’est pas mûr !… C’est l’évidence !… Allez, Dartès, venez leur dire ça : « Je ne suis pas mûr ! » Et c’est moi qui réglerai votre vermouth grenadine !… Ça vaudra bien ça ! Après vous, citoyens…

(Dartès sort le premier, après avoir souri un peu tristement, un peu pauvrement à Renée qui lui envoie un baiser du bout des doigts. Elle est très pâle.)
WHEIL.

Je descends avec vous, et je file de suite !… Je me suis mis abominablement en relard. (Donadieu et Dartès sont sortis les premiers. À Renée.) Et à bientôt, hein ? Demain, si vous le permettez !… Nous n’y sommes pour rien. Vous avez enlevé ça de main de maître… Comptez sur moi. (Montrant sa poche.) Le bien-aimé petit traité est là !…

(Il sort derrière les autres, radieux. Restée seule, Renée les écoute, elle a un geste rageur en refermant la porte, puis elle va à la fenêtre et regarde.)