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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 12, 1922.djvu/382

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exiger de ce pauvre homme que sa vie devienne un enfer à cause de nous, parce que j’ai eu l’honneur de recevoir quelques pruneaux dans la guibole… Sois tranquille, au point de vue galette, papa Levasseur fera bien les choses… D’ailleurs, on n’a pas besoin d’un mobilier Louis XV de chez Dufayel !… Quoi ! Il me manque un emploi un peu plus rupin. Eh ben ! il me le donnera, papa Levasseur… il me le donnera, va ! et de quoi t’acheter une turne à la campagne… Pourvu qu’il n’entende plus parler de nous. Dis donc, maman, j’ai tout à coup une idée de génie.

JEANNE.

Laquelle ?

PAUL.

Foutons le camp ! Ce serait drôle, quand ils ouvriront la porte, solennels, le ventre en avant, qu’ils se cassent le nez sur le vide, plus personne… Les gars se sont poussé de l’air ! Viens donc, maman, viens donc !

JEANNE.

Non, il ne faut pas… Il faut lutter… Pour toi ! Pour toi !…

PAUL.

Ma grosse bique, va ! Est-ce que je ne t’ai pas ! Est-ce que je n’ai pas tes bras autour de ma poitrine ? Est-ce que j’ai besoin d’une autre famille que toi, qui m’as donné la becquée jour par jour et qui m’as élevé avec ton courage admirable !…

JEANNE, (l’embrassant.)

Ah ! mon Paul, mon chéri !… Comme tu es bon pour moi. Quand tu es venu au monde, qu’est-ce qui m’aurait dit que ce petit bout de chair-là