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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/318

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conduite, je t’ai trompé, oui, je suis cent fois coupable de cela… Souffres-tu ? Alors frappe-moi : je l’ai mérité.

RYSBERGUE.

Tu fais erreur ! Il n’y a pas que ces souffrances ni que ces vengeances ! Il y en a de plus hautes. Ce sont celles qui naissent des droits acquis de la famille…

IRÈNE.

La famille, allons donc ! Vous allez tuer cet enfant au nom de la famille et de l’honneur ! Des justiciers, si c’est cela la famille, alors mensonge, mensonge !… il faut une de ces épreuves où la vie vous accule, comme vous m’acculez contre des parois effroyables, pour le sentir aussi nettement tout à coup !

RYSBERGUE, (à son fils.)

Retire-toi… laisse-nous, ta mère et moi.

(Richard fait un mouvement pour se retirer.)
IRÈNE.

Pudeur tardive vraiment ! Ce fils qui n’allègue plus que des droits d’homme, qu’il reste ! Il peut entendre souffrir la femme, — la mère n’est plus !…

RYSBERGUE.

Pauvre égarée !… tu ne reconnais plus les tiens… Si tu te voyais !… Tu es comme ces bêtes sous l’empire d’un instinct de protection passager qui se précipitent, folles, sur ceux qu’elles aimaient la veille, comme sur des ennemis imaginaires…