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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 3, 1922.djvu/342

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ouvre le livre.) Tenez… une page cornée… une phrase soulignée : « Prenez garde, l’amour d’une jeune fille ressemble à ces eaux qui ne sont trop froides que parce qu’elles sont pures… » Hypocrite, va ! (Elle furète encore dans le livre.) Et là, tenez, tenez… comme par hasard… sa photographie !… oubliée là-dedans pour qu’il la prenne. (Elle a un mouvement impulsif, comme pour jeter le livre. Elle se reprend et le pose, avec douceur, sur la table.) Allons, remettons tout en place… Il ne faut pas déranger les nids qui se forment.

MADAME LEDOUX.

Vous pleurez ?

IRÈNE.

C’est possible… J’ai regardé ma main depuis hier… Ça m’inquiétait ce que vous m’aviez dit… c’est vrai qu’elle est très coupée, la ligne de chance !

MADAME LEDOUX.

Seulement, elle est longue.

IRÈNE.

Oui, mais il y a des routes, toujours de petites routes sèches et ravinées qui traversent… et ça s’en va… ça s’en va… La première, c’est peut-être celle de maintenant, dites ?… Elle est plus creuse… plus impressionnante…

MADAME LEDOUX.

Voyons, vous n’allez pas croire à ces calembredaines ! Je m’amusais… Ne restez pas ainsi, votre petite main tendue… Elle a l’air de demander l’aumône.