Au destin, madame Ledoux, au destin… elle demande sa pauvre aumône (Elle soupire : un temps.) Dites ? dites ?… Est-ce dur, la vieillesse ?…
Mais c’est très impoli ce que vous me demandez là !
Vous ne m’avez pas comprise.
Si, si, allez… je ne m’illusionne même point. Vous avez été attirée par moi, moins à cause de votre voisinage, qu’à cause de ma « légende »… Ah ! la mère Ledoux ! Ce qu’elle représente pour vous !… Vous interrogez ce vieux visage, autrefois caressé… C’est le pressentiment de vous-même qui vous attire… Eh bien, ma petite, on ne vous a pas trompée. J’ai aimé… j’ai étreint… j’ai désiré… un peu de tout… pêle-mêle… Ça été exquis et féroce… Et il y a encore des jours où ce tas de souvenirs, ça plaque, là… comme une brûlure… Oui, c’est très dur, la vieillesse. Rien ne guérit et tout y sèche.
Oublie-t-on ?
Bien peu… bien peu !…
Est-on hanté ?