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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/139

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pire fort. (Elle repousse de la main le flacon sans bouger ni le corps ni la tête.) Loulou… ma petite Loulou… voyons… quand ça ira mieux, je t’expliquerai… Attends, tu as trop de lumière dans les yeux. (Il éteint le plafonnier, quelques lampes.) Là, cela va-t-il mieux ? Réponds !… Oh ! que c’est bête, tout cela ! Je te jure que c’est peu de chose… une faiblesse d’homme et ça ne change rien à rien. Tu sais trop ce qu’est un peintre pour ne pas comprendre, n’est-ce pas ? Le tête-à-tête… les paroles… Puis notre ascension nécessaire dans la société, dans les hautes classes, Loulou, nous trouble un peu… Il y a flottement… Il faudrait arriver à préciser… à préciser… Quoi, qu’est-ce que tu dis ? Pourquoi ne parles-tu pas ? Pourquoi ne veux-tu donc pas parler ?… Non ?… Non ?… Bien… (Il se met à marcher.) Voyons… ma Loulette… ne te fais pas de chagrin. Alors, tu ne veux pas parler, décidément ? Souffres-tu encore ? As-tu mal ?… Veux-tu boire ?… (Lolette ne répond pas. Elle ne dit rien, elle ne bouge pas. Maintenant, des larmes coulent de ses yeux.) Mais tu ne vas pas rester ainsi les yeux fixes à regarder devant toi !… Écoute, si tu savais comme c’est simple ce qui est arrivé !

LOLETTE, (la voix tremblante.)


Je t’aimais tant !… Je t’aimais tant !…

BERNIER, (un peu rassuré, se rapprochant.)

Mais, moi aussi, je t’aime !… Rien n’est changé. En somme, qu’est-ce que la vie ?… Une route, n’est-ce pas ? Eh bien, qu’y a-t-il sur la route… en général… sur les bords ?… Des arbres… des