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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 5, 1922.djvu/140

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talus… suis mon raisonnement… Voici un arbre… eh bien…

LOLETTE.

Que je suis seule, mon Dieu… que je suis seule !…

BERNIER.

Allons, voyons ! Ne te fais pas des mondes !

(La porte s’entr’ouvre prudemment. Madame Garzin passe la tête, puis elle entre sur le bout des pieds. Colloque à voix basse avec Bernier.)
GARZIN.

Tout le monde s’en va… Soyez tranquille. Tout s’est très bien passé. (Bernier lui fait signe de les laisser seuls, qu’il n’y a plus rien à craindre, qu’elle s’en aille. Madame Garzin s’approche du canapé, tend la main à Lolette, qui lui tend la sienne sans regarder.) Bonsoir, chérie…

(Et Madame Garzin s’en va comme elle est venue sur la pointe des pieds. Tout à coup, Lolette se redresse. D’un geste furieux, elle arrache et jette au loin, par-dessus les meubles, le bijou de corsage de la princesse.)
BERNIER, (étonné.)

Qu’est-ce que c’est ? (Alors, elle est prise d’une crise de sanglots, elle pleure, elle pleure). Loulou, Loulou, ne pleure pas comme ça… Tu sais bien que je t’aime toujours… C’est l’essentiel.

LOLETTE, (parlant à mots entrecoupés dans les larmes.)

Non, laisse… j’ai froid, ne m’évente pas… Ah ! que j’ai froid !… Que je me sens seule !…

(Elle frissonne.)
BERNIER.

Mais c’est qu’en effet il fait un froid de loup