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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/143

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prendra. Dites-lui que s’il ne vient pas, ce sera très grave pour lui. Faites. (Bas, à Maurice.) Il ne viendra pas ! C’est sûr…

MAURICE.

Chut !… Ne parle pas… Attendons…

(Un temps. Ils ont chacun un récepteur. Ils attendent.)
LIANE.

Allô… C’est toi, Paul ?… C’est toi. (Elle chancelle presque sous l’émotion. Maurice la fait asseoir et lui passe le second récepteur. Il s’assied sur un siège à côté d’elle.) Voyons, voyons, ce n’est pas possible !… Dis-moi que ce n’est pas vrai, que je n’ai pas reçu cet affreux papier ce matin… Non, non, je ne crierai pas… Écoute, ne raccroche pas, je te promets que je ne crierai pas… Voyons, on ne peut pas se séparer de la sorte… c’est impossible. Reçois-moi, je ne te dirai que des choses sensées, plausibles, tu verras… il y a sûrement moyen de s’arranger, j’en suis persuadée… Seulement, que je ne trouve pas ta porte fermée… (Elle tient l’appareil sur les genoux.) Allô ! tu as quelqu’un dans la pièce à côté ?… Qu’est-ce que ça fait ? Il n’entend pas ma voix, n’est-ce pas ?… Eh bien, parle, parle, j’écoute, oui… (Long silence.) Ah ! par exemple, ah ! non, ne me dis pas ça… (Elle pousse des exclamations indignées et, ne voyant plus en son fils que le confident, le mâle protecteur, elle lui fait signe de prendre le récepteur.) Entendre une pareille chose, et l’entendre de si loin ! Ah ! si tu voyais mes yeux, tu n’aurais pas le cœur de me dire ces choses-là ! (Elle a le visage tuméfié de larmes. Maurice dépose le récepteur et du revers de la main lui caresse tristement le visage. Nouveau silence.) Ah ! c’est trop fort !… Tu crois, toi ?… Canaille, va !… Ah ! ça ne te portera pas bonheur ! Tu verras ce qu’on dira dans tout