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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/292

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agneaux ! C’est gentil tout plein. J’ai rudement bien fait de me presser. (Elle embrasse Madame de Chevrigny.) Bonjour, chérie, comme vous avez bonne mine !

ALLARD, (bas.)

Tiens !… C’est elle qui l’a dit !

ARNOULD, (s’avançant.)

Ça ne t’est pas désagréable de me voir chez toi, Honorine ?

HONORINE, (froide.)

Pourquoi ? Il y a des siècles, en effet, qu’on ne s’est rencontré !… Ça ne me paraît pas désagréable de te voir ici, mais… curieux. Vous aussi, Darnis… qui êtes généralement à vos affaires à cette heure-ci ? Oh ! vous n’avez que de pauvres petits biscuits !… (Elle s’approche de la table.) Mais, dites-moi, ah çà ! dans quelle exposition vous êtes-vous rencontrés ? C’est un hasard ?

(Elle se méfie.)
DARNIS.

Non, ma chère Honorine, je serai franc. Ce n’est pas un hasard qui nous a réunis… c’est une même pensée !

HONORINE, (enlevant son chapeau.)

Ça, c’est encore plus fort que tout, parce que les pensées qui habitent dans vos cervelles respectives ne sont pas bien faites pour réunir Arnould, Madame de Chevrigny et vous deux, permettez-moi de le dire !…

DARNIS.

Il y a une chose qui nous réunit, en tout cas, vous l’avouerez, Honorine, c’est l’affection que nous vous portons à vous et à Henriette.