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Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 8, 1922.djvu/89

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timents, il y a des abîmes. Nous n’avons plus la même conception de la vie. On dirait que nous sommes deux rails qui ont côtoyé le même chemin, et qui, tout à coup…

LIANE.

Je me disais bien que ton calme faisait présager des paroles peut-être plus terribles que celles de tout à l’heure…

RANTZ.

Non pas, Liane. Je t’assure, n’interprète pas le mouvement qui m’a fait revenir ici, dans un sens qui n’est pas le vrai. Je suis venu tout simplement te tendre la main, pour que notre séparation de ce soir soit plus digne de nous…

LIANE, (se lève en sursaut, comme si elle revenait à la réalité.)

Tu ne restes pas, alors ?

RANTZ.

Non… J’ai d’abord mille choses à faire… De la correspondance jusqu’à trois heures du matin… Demain matin, je te l’ai dit, il faut que je sois chez le président du Conseil, et puis à l’Élysée…

LIANE, (les yeux implorant.)

Cependant, maintenant que nous sommes seuls, Paul, tu ne juges pas qu’il serait bon d’essayer de dissiper, peut-être, ce malentendu ? Et puisque tu vas accepter ce poste…

RANTZ.

Oh ! non… plus tard… Surtout, pas de paroles !… Nous abîmerions, au contraire, par de vaines et désagréables réflexions, ce que notre geste aura de bien et de réparateur. Ne parlons ni affaires, ni