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Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/17

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le mort s’est trompé d’étage

retournés, triturés et malaxés, jusqu’à ce que leurs esprits et leurs volontés, qui manifestaient au début quelques velléités d’indépendance et de résistance, fussent devenus à souhait malléables et ductiles.

— Non, la concierge n’avait jamais vu le mort. Il avait dû entrer après son départ. Elle avait quitté la loge à 2 h. 30. Elle n’avait pensé s’absenter qu’une heure ou deux, mais la nouvelle accouchée avait été prise d’une hémorragie, il avait fallu en hâte appeler le médecin, et la mère n’avait voulu quitter sa fille que lorsque tout danger fut passé.

Malgré leur docilité, les locataires ne purent fournir aucun renseignement. Ils ne connaissaient pas le défunt, ils ne l’avaient jamais rencontré. Le mort lui-même apporta à son interrogatoire toute la complaisance qu’on pouvait attendre de lui, à cela près qu’il refusa de dévoiler son identité.

L’inspecteur principal Lamblin, ayant assisté au début de l’affaire, avait semblé tout naturellement désigné pour être chargé de l’enquête. Il avait minutieusement examiné le cadavre qui était celui d’un homme de trente-cinq à quarante ans, peu soigné de sa personne. Les cheveux épais avec quelques fils blancs, la denture belle, il n’offrait aucun signe particulier frappant. Mais ses mains — sans bagues ni alliance — avaient retenu l’attention du policier.

— C’est un homme qui devait se livrer à des manipulations chimiques, expliqua-t-il, le soir, à son chef et ami, le commissaire central Josseaume. La peau des doigts, autour des ongles, est très abîmée. Du reste, vous allez voir cela sur les photos. J’en ai fait faire une collection.