Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/26

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
24
le mort s’est trompé d’étage

24 LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE Sur les pelouses du Luxembourg, des arroseuses à tourniquet dispensaient au gazon des averses de gouttelettes irisées. Dans la chaleur, accablante déjà, qui semblait monter du sol, l’inspecteur soù- pira devant cette vision de fraîcheur. Son taxi tourna à droite dans le boulevard Saint-Michel, ralentit pour laisser passer un tramway et, tra- versant la chaussée par une courbe savante, vint s’arrêter devant le 75. A la question du policier, la concierge répondit du fond de sa cuisine : La comtesse d’Armancé ? Quatrième à droite. Encore ! murmura-t-il. Ça devient une obses- sion. Ici, il n’y avait pas d’ascenseur. Mais, pour Lam- blin, cet inconvénient semblait largement com- pensé par la vision qu’offrait aux heureux locataires le « vert paradis des amours enfantines », le doux Luxembourg étalé sous leurs yeux. Courageusement, l’inspecteur gravit les marches et sonna. « Une bonne récemment importée de la cam- pagne », se dit-il, lorsqu’une jeune domestique hésitante et godiche lui eut ouvert la porte et se décida enfin, après bien des tergiversations, à pré- venir sa maîtresse qu’un monsieur de la police dési- rait lui parler. C’était un jeudi, et l’on entendait dans la pièce où elle venait d’entrer un enfant qui ânonnait ses leçons : Ses affluents sont : l’Ourthe et la Semoy… Faites-le entrer ici, coupa une voix de femme. Lamblin se trouva dans une salle à manger de belles proportions, tendue de papier jaune et ornée de meubles anciens très sombres qu’au premier -