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Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/29

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le mort s’est trompé d’étage

27 LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE chance, vraiment, pour moi, d’avoir trouvé cet appartement. Je vous l’envie follement, madame. Mais il ne faut pas que j’oublie un métier que j’aime vrai- ment pour lui-même, car il est fort ingrat. Et vous me pardonnerez de mettre sous vos yeux, habitués à tant de beauté, de tristes photographies, celles d’un cadavre… La jeune femme parut pleine de bonne volonté. Vous désirez savoir si votre mort est bien notre domestique. Montrez, je ne m’évanouirai pas. Elle regarda les épreuves, luisantes et gondolées, et ne put s’empêcher de sursauter. Ce n’est pas joli à voir, en effet. Mais, malgré la blessure qui le défigure et sa macabre grimace, je reconnais ce malheureux Victor. L’œil droit est intact, il avait bien ces paupières en bourrelets, qui s’ouvraient peu, ce nez, ce menton lourd, cette bouche mince et grande. Oui, c’est bien Victor. Montre, maman ! fit le petit garçon en s’ap- prochant. Elle releva les photographies pour les lui dissi- muler, puis se ravisa. Après tout, deux sûretés valent mieux qu’une. Tiens, regarde. Tu es un petit homme, tu dois pou- voir supporter la vue d’un mort. L’enfant ne sembla pas très ému. Il en a un trou, fit-il avec calme. Mais ce n’est pas Victor. — - Comment ! ce n’est pas Victor ! Bien sûr que si, voyons. Autrement, comment porterait-il le costume de papa, que je lui avais donné ? Et le chapeau trouvé à côté du mort portait bien les initiales V. M. Le voici, du reste, fit Lam- -