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Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/56

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le mort s’est trompé d’étage

54 LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE Les yeux du gosse chavirèrent de bonheur. Bertin avait suivi sans peine la femme de chambre jusqu’à l’hôtel de Van Laar, qui se trouvait près de la porte Molitor. Solange n’avait rien remarqué et le policier avait passé à côté d’elle, au moment où elle ouvrait la grille, sans tourner la tête, du pas pressé de l’ouvrier, qui, son travail fini, se hâte de rentrer chez lui. Puis il était revenu s’installer sous un arbre, à l’orée du bois, d’où il pouvait, entre les buissons, apercevoir la maison qu’il voulait sur- veiller. Tranquillement, il sortit ses provisions. J’ai le temps de casser la croûte. A cette heure, elle a son service, le dîner, elle ne ressortira pas de sitôt. Le crépuscule venait lentement. Les soirs sont longs en juillet, et celui-ci, lourd du brûlant héri- tage du jour, sombrait peu à peu dans une torpeur accablée. Les arbres découragés ne remuaient plus l’éventail de leurs branches. Ils attendaient qu’une brise alerte, fraîche et vive comme une troupe de nymphes des montagnes, vînt ranimer par la caresse de ses voiles flottants les feuillages épuisés. Bertin s’était étendu sur le gazon pelé, un peu trop fleuri de bouts de papier et de coquille d’œufs. Il vit un domestique fermer à double tour la grille du jardin. Les lumières s’éteignirent au sous-sol, s’allumèrent un instant plus tard au deuxième, puis disparurent l’une après l’autre. C’est long, murmura le guetteur en s’étirant. Et il n’y aura peut-être rien du tout. Soudain, il entendit un bruit léger. On avait ouvert une porte. Un pas furtif frôlait le gravier du jardin. Il se dressa, tous les nerfs en éveil. Une