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Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/88

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le mort s’est trompé d’étage

86 LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE tour, ne laissant visible qu’un quart de sa rondeur dans le coude intérieur de l’équerre. Un perron en fer à cheval s’y appuyait, menant à la grande porte aux belles boiseries ouvragées. Voilà Roche-Marie, dit Raoul, comme l’auto s’engageait dans l’allée qui, s’enroulant gracieuse- ment autour d’une pelouse, aboutissait au perron. C’est toi qui as acheté ce joli domaine ? Non, il me vient de ma première femme. Mais nous voici arrivés. Allez, hop ! Un quart d’heure plus tard, après les présenta- tions d’usage, Lucien faisait, avant le dîner, une rapide toilette. On était en octobre, il faisait frais, et le voyageur, frileux, avait demandé du feu. La femme de chambre s’affairait auprès de la chemi- née. C’était une jeune fille mince, au teint pâle, avec des yeux brûlants de gitane et de superbes cheveux noirs. Léon, le domestique de Lucien, dé- faisait les valises, rangeait les vêtements, en silence, avec des gestes adroits. Lucien appréciait fort ce serviteur qui gardait, dans sa position subalterne, une grande dignité et dont le regard, grave et droit, inspirait la confiance. Il n’était plus jeune, et Lucien le traitait en parent àgé plutôt qu’en valet. Le dîner fut excellent. On avait évidemment soigné le menu. Raoul étincelait de verve et Lucien, stimulé par des vins dont le monde n’offre point d’égal, lui donnait gaiement la réplique. Ce petit vin, léger, couleur d’escarboucle, semble te plaire, dit Raoul. Salue, mon fils ! C’est du Clos Roche-Marie. Tu as vu ces vignes qui s’étagent à l’entour du domaine ? C’est là que le généreux soleil du Périgord a longuement mûri