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Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/89

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le mort s’est trompé d’étage

LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE 87 ce nectar dont tes intelligentes papilles ont su re- connaître les vertus. J’ose prétendre que mes soins y sont aussi pour quelque chose. Tu sais que je m’occupe toujours de chimie. J’ai fait en cenologie quelques découvertes intéressantes. Tu parlais de cristaux tout à l’heure. Eh bien ! dans la fermen- tation, pour décomposer les combinaisons phospho- rées des sucres de raisin, j’ai trouvé un procédé de cristallisation de la fructose en prismes plus beaux que des améthystes, d’un ton pourpre splendide. Vraiment, la nature réussit dans ce genre quelques-uns de ses phénomènes les plus passionnants. Tes pierres n’ont d’éclat que par les facettes qu’elles doivent au travail de l’homme. Mais vois les polyèdres ravissants, d’un intense bleu translucide, que forme spontanément le sulfate de cuivre : Le bichromate de potasse offre un ruissellement de gemmes orangées, celles du nitrate d’uranium sont d’un jaune pâle étin- celant. Le nitroprussiate de soude donne de somptueux grenats… Nitroprussiate… c’est un poison ? Non. A propos ! Je me suis laissé dire que les toxiques présentaient les plus beaux cristaux… Quelle blague ! L’arsenic est une poudre blanche, amorphe, les dérivés de l’opium, même quand ils cristallisent, sont incolores. Comme tous les alcaloïdes, à ma connaissance. Sauf, bien entendu, lorsque les poisons tirés des végétaux ont été extraits par des méthodes primitives. Ils gardent alors des traces de chlorophylle colorée. C’est le cas pour les glucosides que cède la digitale, pour l’aconitine…