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Page:Bauclas - Le Mort s’est trompé d’étage, 1946.pdf/92

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le mort s’est trompé d’étage

90 LE MORT S’EST TROMPÉ D’ÉTAGE boucles serrées, sans souci de la mode, sa petite tête mobile comme celle d’une mésange. « Un sujet pour Greuze : « L’heureux père » >. Et la mère le contemple avec attendrissement », se dit le visiteur. Lucien se laissait gagner par la douceur de l’am- biance. Un bon dîner, de bons vins, un bon fauteuil auprès d’un bon feu, avec un bon cigare toute cette bonté l’enveloppait, le comblait d’euphorie. Depuis longtemps, il n’avait connu pareil charme. C’était la paix du foyer, la joie de se sentir entouré d’êtres qui vous veulent du bien, en qui l’on a confiance. ― La voix de son cousin le tira de sa rêverie : Alors, vieux frère, si j’ai bien compris, tu es rentré en France définitivement ? Oui, du moins, je l’espère. = Et tu as gardé des intérêts là-bas, ou bien as-tu tout bazardé ? J’ai tout bazardé comme tu dis. J’ai pu céder l’exploitation que j’avais fondée et développée, dans d’excellentes conditions, à un consortium qui englobe déjà de grosses affaires. Mais alors, dis donc, tu nous reviens dans la peau d’un capitaliste ? Oh ! n’exagérons rien ! Je ramène une dou- zaine de millions, mais à notre époque, ce n’est pas ce que l’on appelle une fortune considérable. J’aurais pu rester encore, puisque l’affaire ne ces- sait de prospérer, devenir une espèce de nabab. Mais le bel avantage, de revenir usé, vieilli, accablé par mes millions et ne pouvant plus me nourrir que de nouilles et d’eau de Vichy. J’ai préféré me rapartier pendant que je suis encore assez jeune