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Page:Baudrimont - Recherches expérimentales et observations sur le choléra épidémique.djvu/36

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Lévêque, alors adjoint au maire de La Vilette, près Paris, et fabricant de charbon animal, qu’aucun ouvrier des fabriques de ce produit n’avait été atteint par l’épidémie ; que tous les fabricants l’avaient attesté par écrit, et qu’à Montfaucon, dépendant de la commune de La Villette, où l’on déposait les vidanges de Paris, matières fécales et urines, qui répandent, comme on le sait, des vapeurs de carbonate et d’hydrosulfate d’ammoniaque qui se font sentir à une grande distance, les ouvriers avaient été également préservés, à l’exception d’un seul qui était entré récemment au service des vidanges et qui avait pu contracter le choléra au dehors.

En résumé, le traitement que j’ai suivi, et qui a été couronné de succès toutes les fois que la maladie n’était point trop avancée, consiste simplement dans l’emploi du bi-carbonate de soude, 8 à 10 grammes dans un litre d’infusion de fleurs de tilleul ou de feuilles d’oranger ; dans celui d’un liniment ammoniacal formé de parties égales d’huile et d’ammoniaque liquide[1], employé en frictions énergiques sur les membres et la colonne vertébrale, et enfin en sinapismes appliqués aux pieds.

Depuis cette époque, de nombreuses expériences ont été faites et notamment par mon frère Adolphe Baudrimont, qui reconnut que le bi-carbonate de soude, administré en une ou deux fois, était plus efficace que lorsqu’il était dissous dans de la tisane et administré à de faibles doses éloignées les unes des autres.

Voilà, en peu de mots, le traitement que j’ai suivi et qui a toujours été efficace lorsqu’il a été administré à temps.

Je crois devoir ajouter que, depuis cette époque, j’ai eu un grand nombre de fois l’occasion d’employer le bi-carbonate de soude contre des vomissements et des diarrhées opiniâtres, et qu’il a toujours réussi. Pour moi, il n’y a pas de plus grand anti-émétique que cet agent. Son efficacité dans cette circonstance est sans doute due à la facilité avec laquelle il est absorbé. Il modifie ainsi le cours des sécrétions, et c’est peut-être à ce mode d’action qu’est due une grande partie de son efficacité dans le traitement du choléra[2].

  1. La dose de l’ammoniaque n’est point trop élevée. Ce liniment, qui ferait venir immédiatement des ampoules sur la peau d’une personne dans l’état de santé, demeure presque inactif dans la période algide.
  2. Il ne faudrait point croire que l’on pourrait impunément prendre journellement