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Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/155

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LES LORTIE

la moindre chance de succès. Le mercredi personne n’osait se prononcer et, le jeudi, tandis qu’au-delà de trois mille électeurs se réunissaient à l’Aréna pour l’assemblée contradictoire, il eut été bien difficile de dire lequel des deux candidats avait, dans la salle, le plus grand nombre de sympathisants.

Deux heures plus tard, Gaston ayant produit trois déclarations, signées et assermentées, prouvant que Blanchard avait, à diverses reprises, profité de son mandat d’échevin pour vendre, au prix fort, des sinécures dans les services de l’administration municipale, plus personne n’osait douter que, le lundi suivant, le quartier-centre serait représenté à l’hôtel de ville par un nouvel échevin.

Et tandis que les électeurs, de plus en plus passionnés, suivaient les moindres péripéties de la lutte, Bob poursuivait sans défaillance quoique sans résultat, son enquête sur la tentative d’empoisonnement dont Ninette avait failli être victime. Depuis le jour où il avait appris, à Montréal, que le lait contenait du chlorhydrate d’apomorphine, ses recherches avaient pitoyablement piétiné. Le coupable n’avait été vu par personne, aucun suspect n’avait été aperçu rôdant aux environs de la maison des Lortie ce matin-là, le laitier avait déposé la bouteille à l’heure habituelle et ne savait évidemment rien de plus, aucun des cinq pharmaciens de Saint-Albert n’avait vendu de chlorhydrate d’apomorphine, bref, le pauvre policier en était toujours à chercher un premier indice qui lui permettrait d’échafauder des déductions ou de se lancer sur une piste quelconque.

Allait-il devoir classer cette affaire qui, bien plus que toutes celles qu’il avait menées à bien jusqu’alors, lui tenait au cœur, pour les motifs que l’on sait ? Si un élément nouveau ne venait ra-