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Page:Baudry - Rue Principale 1 les Lortie, 1940.djvu/156

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RUE PRINCIPALE

pidement permettre à l’enquête de faire un pas important vers une solution, il lui faudrait sans aucun doute s’avouer vaincu. Le chef Langelier ne lui avait-il pas déjà laissé entendre que son acharnement n’était qu’une perte de temps précieux ? Et ne devait-il pas s’attendre à recevoir l’ordre de diriger ses efforts d’un tout autre côté ? Ne semblait-il pas, en effet, très peu probable que surgisse, si longtemps après l’attentat, le fait nouveau qu’il s’obstinait à espérer ?

Pour la centième fois peut-être, Bob avait relu, étudié, disséqué ses notes, sans être pour cela plus avancé ; et il sentait grandir en lui un découragement qu’il n’avait jamais connu auparavant. Rien, il n’y avait rien dans tout ça qui put faire naître en lui, ne fusse qu’un soupçon ; pas deux faits qui se coordonnaient, pas deux renseignements qui pouvaient se rattacher l’un à l’autre ! C’était la défaite, complète, irrémédiable. Et cet aveu d’impuissance, qu’il se voyait forcé de se faire à lui-même, l’emplissait à la fois de rage et de honte. Était-il bien sûr de n’avoir rien négligé ? N’était-il pas passé, sans le voir, à côté de l’indice essentiel ? N’avait-il pas écouté, sans entendre, une des quarante-cinq personnes qu’il avait questionnées, lui donner le renseignement susceptible de le mettre sur la bonne voie ? Avait-il surtout interrogé Ninette avec suffisamment de soin ? N’avait-elle pas omis, elle, dans le récit qu’elle lui avait fait, de lui relater un incident, insignifiant en apparence, mais qui, en réalité, était peut-être la clef de tout le mystère ? Comment le savoir ? En retournant chez Ninette pour qu’elle lui racontât, une fois encore, en quelles circonstances le petit chat du voisin était mort !

Bob arriva chez Lortie au moment où Ninette allait sortir, pour aller prendre son service à l’Ago-