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Page:Baumal - Le Féminisme au temps de Molière, 1926.pdf/38

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LE FÉMINISME AU TEMPS DE MOLIÈRE

« Évandre, raconte Eulalie, acheta une terre en notre province, et quelque temps après il y acheta aussi une femme, car il faut que je parle ainsi d’un mariage où l’on demeura trois mois à stipuler seulement le prix et la somme qui devaient être mis dans le contrat. L’autorité du favori, ou, pour dire plus vrai, l’intérêt, sous le prétexte de l’autorité, « aveugla si fort Théorisbe qu’il consentit à ce mariage et livra sa fille à la bourse d’Évandre [1] ».

  1. C’est bien sous ce jour que le problème apparaît à Molière dès la première fois qu’il aborde la question du mariage dans le Cocu (sc. i) :
    Clélie.

    Quoi ! vous prétendez donc, mon père, que j’oublie
    La constante amitié que je dois à Lélie ?
    J’aurais tort si sans vous je disposais de moi ;
    Mais vous-même à ses vœux engageâtes ma foi.

    Gorgibus.

    Lui fût-elle engagée encore davantage,
    Un autre est survenu dont le bien l’en dégage.
    Lélie est fort bien fait ; mais apprends qu’il n’est rien
    Qui ne doive céder au soin d’avoir du bien ;
    Que l’or donne aux plus laids certain charme pour plaire,