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Page:Baumal - Le Féminisme au temps de Molière, 1926.pdf/54

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LE FÉMINISME AU TEMPS DE MOLIÈRE

devant les impérieuses revendications du droit individuel. Aussi bien Eulalie accepte l’hypothèse ; elle suppose la femme « délivrée des beaux-pères, belles-mères, aïeuls et marâtres, et tout ce reste bizarre de l’importune antiquité ». Cette chaîne rompue, il en reste encore une qui n’est pas la moins lourde et qu’on ne saurait briser…

Eulalie fait figure de malthusienne, un siècle avant la naissance de Malthus. Elle plaint la femme « de la jeunesse féconde et trop abondante qui la fait mère et qui l’expose tous les ans à un nouveau poids, à un péril visible, à une charge importune, à des douleurs indicibles et à mille suites fâcheuses [1].

  1. Voici un sujet qu’il était difficile à Molière de porter à la scène. Il n’a pas laissé cependant d’y penser et d’y faire penser. Car, presque toutes les objections des précieuses trouvent place, dans son théâtre ; les unes sont effleurées, les autres développées ; quelques-unes sont suggérées par voie d’allusions dont rien n’échappait aux contemporains, mais que le lecteur moderne ne saisit pas