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Page:Baumal - Le Féminisme au temps de Molière, 1926.pdf/79

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LE FÉMINISME AU TEMPS DE MOLIÈRE

tyrans qu’il n’est pas possible que je ne les haïsse dans cet instant-là et que je ne rende grâce aux dieux de m’avoir donné une inclination fort opposée au mariage. — Mais s’il y avait quelqu’un assez heureux et assez honnête pour toucher votre cœur, reprit Tissandre, peut-être changeriez-vous de sentiment ?

— Je ne sais, répliqua-t-elle, si je changerais de sentiment ; mais je sais bien qu’à moins que d’aimer jusqu’à perdre la raison je ne perdrai jamais la liberté [1]

Ce texte mérite qu’on y prête attention, car il établit que, chez Sapho, la répugnance au mariage ne provient point de cette excessive pruderie ou de cette ridicule prétention à la vie spirituelle intégrale dont se targuaient certaines

  1. C’est tout le raisonnement de la Princesse d’Élide, acte II, sc. 1 : « Je ne veux point du tout me commettre à ces gens qui font les esclaves auprès de nous pour devenir un jour nos tyrans… »