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Page:Beaugrand - Lettres de voyages - France, Italie, Sicile, Malte, Tunisie, Algérie, Espagne, 1889.djvu/266

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LETTRES DE VOYAGE

À la villa des Pins que le gouvernement lui a assignée comme résidence, l’existence est pour Nam-Nghi très monotone, mais il paraît s’y complaire. On lui a quelques fois offert quelques excursions en voiture ; il a accepté, paraissant avoir à cœur de répondre aux avances qu’on lui faisait, sans toutefois manifester un grand plaisir ; il se lève vers neuf heures, se livre à quelque lecture ou à un petit travail d’écriture, coupe la journée par une sieste et se couche vers dix heures. Sa Majesté est grand fumeur de cigarettes qu’il fabrique lui-même en forme de grands cornets ; de temps en temps, il charge son narguilé à fourneau de bois laqué, et à long tuyau à spirale ; il prend une gorgée d’eau, la fait descendre dans le tuyau et aspire une seule bouffée ; la pipe est fumée ! Son cuisinier vient quelque fois lui jouer d’une sorte de guitare dont il tire une mélopée assez criarde qui paraît être fort agréable au roi ; on lui chante aussi quelques airs du pays et la journée s’écoule ainsi. Le gouverneur a attaché au service de la maison une dame de confiance qui a la haute direction du ménage royal, mais Sa Majesté en a paru très offusquée, elle évite même sa rencontre avec une sorte d’affecta-