Aller au contenu

Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(131)

d’une laideur horrible. Les dieux se déclarent en ma faveur, s’écrie sa concurrente : la méchante Alecto n’a pu soutenir sa supercherie et le ciel la force à abandonner la malheureuse qu’elle voulait me substituer. Le peuple qui ne réfléchit guère, poussa des cris de joie et demandait à haute voix qu’on lui abandonnât cette laide créature, pour la punir du crime qu’elle avait voulu commettre. Aris, Mithra et Mascave n’étaient pas de ce sentiment. Ils se souvenaient que le changement des traits de Rannée avait été prédit, et la laideur de cette princesse leur paraissait une preuve en sa faveur. Mais comment faire revenir le peuple de sa prévention ? La chose n’était pas possible, et on résolut d’attendre du tems des lumières nouvelles.

Les deux Rannée furent logées dans le même palais ; mêmes habits, mêmes honneurs, mêmes carrosses de la part du roi et de la reine. Cependant, la beauté faisait son effet ordinaire. La fausse Ran-