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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/69

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leur étaient nécessaires. La reconnaissance de ces gens était plus puissante que leur faiblesse. Ils demandaient perpétuellement au Seigneur qu’il daignât la récompenser de sa charité.

Il était plus de minuit, lorsque la marquise se retira dans son appartement, à demi-morte de la fatigue qu’elle s’était donnée, et qu’elle n’avait pas senti jusque-là. Elle se jeta dans son fauteuil, et, jetant les yeux sur elle-même, elle se trouva dans une situation si douce, si tranquille, qu’elle n’en avait jamais éprouvé une semblable. Il lui semblait que le bonheur de toutes ces personnes qu’elle venait de rendre heureuses, était le sien. Tous les plaisirs dont elle avait joui jusqu’alors avaient été mêlés de troubles, d’amertumes, de craintes, et quelquefois de remords ; rien de pareil dans ce qu’elle éprouvait alors. Sa satisfaction était pure et sans mélange ; elle augmenta par l’heureux succès de ses soins envers les infortunés qu’elle avait