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Page:Beaumont - Contes moraux, tome 2, Barba, 1806.djvu/70

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secourus. Leur santé se rétablit aussi bien que leur fortune, dans un emploi honnête qu’elle leur procura. Elle s’était trop bien trouvée de cet essai, pour s’en tenir là ; elle multiplia ses bonnes œuvres. Bientôt ses richesses lui parurent médiocres eu égard à la nouvelle passion qu’elle avait conçue. Pour s’y livrer davantage, elle retrancha tout l’argent qu’elle donnait au faste, c’est-à-dire, qu’elle se priva de ses diamans, de son équipage ; qu’elle renonça au jeu, au spectacle, et on ne s’accorda plus que les dépenses purement nécessaires. Jusques-là, le desir d’être heureuse avait été son unique motif : sa charité n’avait point eu Dieu pour motif et voici ce qui arriva. Tous ceux qu’elle assista ne furent point reconnaissans ; leur ingratitude blessa son cœur ; et, comme elle se trouva désagréablement trompée, elle craignit de n’avoir pas trouvé le bonheur réel. Elle lui avait pourtant tout sacrifié, et s’était détachée de tout. Son cœur vide était donc débar-