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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/138

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et agréable, on se détermina à s’arrêter dans l’endroit où l’on était. On ramassa les lambeaux des toiles peintes : on enterra les débris du repas des loups et des tigres ; on se vengea sur quelques douzaines de vautours qui en avaient leur saoul ; et, après avoir fait le dénombrement des chameaux qui préparaient tranquillement du sel ammoniac, on encagea tant bien que mal les dames, et on dressa la tente impériale sur le terrain le moins raboteux.

Vathek s’étendit sur ses matelas de duvet, et commençait à se refaire des secousses de l’Éthiopienne ; c’était une rude monture ! Le repos ramena son appétit accoutumé ; il demanda à manger : mais, hélas ! ces pains délicats qu’on cuisait dans des fours d’argent pour sa bouche royale, ces gâteaux friands, ces confitures ambrées, ces flacons de vin de Shiraz, ces porcelaines remplies de neige, ces excellents raisins qui croissent sur les bords du Tigre ; tout avait disparu ! Bababalouk n’avait à offrir qu’un gros loup rôti, des vautours à la daube, des