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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/139

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herbes amères, des champignons vénéneux, des chardons et des racines de mandragore qui ulcéraient la gorge et mettaient la langue en pièces. Pour toutes liqueurs, il ne possédait que quelques fioles de méchante eau-de-vie, que les marmitons avaient cachées dans leurs babouches. On conçoit qu’un repas aussi détestable dut mettre Vathek au désespoir ; il se bouchait le nez et mâchait avec des grimaces affreuses. Cependant, il ne mangea pas mal, et s’endormit pour mieux digérer.

Pendant ce temps tous les nuages avaient disparu de dessus l’horizon. Le soleil était ardent, et ses rayons réfléchis par les rochers rôtissaient le Calife, malgré les rideaux qui l’enveloppaient. Un essaim de moucherons puants et couleur d’absinthe le piquaient jusqu’au sang. N’en pouvant plus, il se réveille en sursaut, et, hors de lui, il ne savait que devenir et se débattait de toutes ses forces, tandis que Bababalouk continuait de ronfler, couvert de ces vilains insectes qui lui courtisaient le nez. Les pe-