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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/141

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gnifique cortège. Comme il y avait plusieurs crevasses dans le roc, Vathek prêta l’oreille, dans l’espoir d’y entendre le bruit de quelque torrent ; mais il n’entendit que le sourd murmure de gens, qui, en maudissant leur voyage, demandaient de l’eau. Il y en avait même qui criaient auprès de lui : Pourquoi avons-nous été conduits ici ? Notre Calife a-t-il quelqu’autre tour à bâtir ? Ou, est-ce que les Afrites impitoyables que Carathis aime tant font ici leur demeure ?

À ce nom de Carathis, Vathek se ressouvint de certaines tablettes qu’elle lui avait données, en lui conseillant d’y avoir recours dans les cas désespérés. Pendant qu’il les feuilletait, il entendit un cri de joie et des battements de mains ; les rideaux du pavillon s’ouvrirent, et il vit Bababalouk suivi d’une troupe de ses favorites. Ils lui amenaient deux nains d’une coudée de haut, portant une grande corbeille remplie de melons, d’oranges et de grenades, et qui chantaient d’une voix argentine les paroles suivantes : « Nous habitons sur la cime de