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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/140

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tits pages avaient jeté leurs éventails par terre. Ils étaient à moitié morts, et employaient leurs voix expirantes à faire des reproches amers au Calife, qui, pour la première fois de sa vie, entendit la vérité.

Alors, il renouvela ses imprécations contre le Giaour, et commença même à dire quelques douceurs à Mahomet. Où suis-je ? s’écria-t-il : quels sont ces affreux rochers ! ces vallées de ténèbres ? sommes-nous arrivés à l’épouvantable Caf ? la Simorgue va-t-elle venir me crever les yeux pour venger mon expédition impie ! En parlant ainsi, il mit la tête à une ouverture du pavillon ; mais, hélas ! quels objets se présentèrent à sa vue ! D’un côté, une plaine de sable noir dont on ne voyait point l’extrémité ; de l’autre, des rochers perpendiculaires tout couverts de ces abominables chardons qui lui faisaient encore cuire la Langue. Il crut pourtant découvrir parmi les ronces et les épines quelques fleurs gigantesques ; il se trompait : ce n’était que des morceaux de toiles peintes et des lambeaux de son ma-