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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/144

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l’air une voix qui disait : Serviteurs de mon Serviteur fidèle, mettez vos sandales, et descendez dans l’heureuse vallée qu’habite Fakreddin ; dites-lui qu’une occasion illustre se présente pour satisfaire la soif de son cœur hospitalier : c’est le commandeur des vrais Croyants qui erre lui-même dans ces montagnes ; il faut le secourir. Joyeusement, nous avons obéi à l’angélique mission ; et notre maître, plein d’un zèle pieux, a cueilli de ses propres mains ces melons, ces oranges, ces grenades : il nous suit avec cent dromadaires chargés des eaux les plus limpides de ses fontaines ; il vient baiser la frange de votre robe sacrée, et vous supplier d’entrer dans son humble demeure, qui est enchâssée dans ces déserts arides connue une émeraude dans le plomb. » Les nains, après avoir parlé ainsi, restèrent debout les mains croisées sur l’estomac, et dans un profond silence.

Pendant cette belle harangue, Vathek s’était saisi de la corbeille, et, longtemps