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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/150

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offres obligeantes, et suivirent la demoiselle dans le harem de l’Émir ; mais il faut les quitter un moment pour retourner au Calife.

Ce prince avait été conduit sous un grand dôme, éclairé de mille lampes de cristal de roche. Autant de vases de la même matière, remplis d’un sorbet délicieux, étincelaient sur une grande table où se trouvait une profusion de mets délicats. Il avait entr’autres du riz au lait d’amandes, des potages au safran, et de l’agneau à la crème que le Calife aimait beaucoup. Il en mangea avec excès, témoigna bien de l’amitié à l’Émir dans la gaieté de son cœur, et fit danser les nains malgré eux ; car ces petits dévots n’osaient désobéir au Commandeur des Fidèles. Enfin il s’étendit sur le sofa, et dormit plus tranquillement qu’il n’avait fait de sa vie.

Il régnait sous ce dôme un silence paisible que rien n’interrompait que le bruit des mâchoires de Bababalouk, qui se refaisait du triste jeûne auquel il avait été forcé