Aller au contenu

Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui grimpaient sur les arbres, tenaient un pied en l’air, se balançaient sur un petit feu, et se donnaient des nazardes sans pitié. Il y en avait aussi qui chérissaient la vermine, et celle-ci ne répondait pas mal à leurs caresses. Ces cagots ambulants soulevaient le cœur des derviches, des calenders et des santons. On les avait rassemblés, dans l’espoir que la présence du Calife les guérirait de leur folie, et les convertirait à la foi musulmane : mais, hélas ! on se trompa beaucoup. Au lieu de les prêcher, Vathek les traita comme des bouffons, leur dit de faire ses compliments à Visnou et à Ixhora, et se prit de fantaisie pour un gros vieillard de l’île de Seremdib, qui était le plus ridicule de tous. Ah ça ! lui dit-il, pour l’amour de tes Dieux, fais quelque gambade qui m’amuse. Le vieillard offensé se mit à pleurer ; et, comme il était un vilain pleureur, Vathek lui tourna le dos. Bababalouk, qui suivait le Calife avec un parasol, lui dit alors : Que votre Majesté prenne garde à cette canaille. Quelle diable d’idée de la