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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/160

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rassembler ici ! Faut-il qu’un grand Monarque soit régalé d’un tel spectacle, avec des intermèdes de talapoins plus galeux que des chiens ! Si j’étais nous, j’ordonnerais un grand feu, et je purgerais la terre de l’Émir, de son harem et de toute sa ménagerie. Tais-toi ! répondit Vathek. Tout ceci m’amuse infiniment, et je ne quitterai pas la prairie que je n’aie vérifié tous les animaux qui l’habitent.

À mesure que le Calife allait en avant, on lui présentait toutes sortes d’objets pitoyables : des aveugles, des demi-aveugles, des messieurs sans nez, des dames sans oreilles, et le tout pour relever la grande charité de Fakreddin qui, avec ses barbons, distribuait à la ronde les cataplasmes et les emplâtres. À midi, il se fit une superbe entrée d’estropiés, et bientôt on vit dans la plaine les plus jolies sociétés d’infirmes. Les aveugles, en talonnant, allaient avec les aveugles ; les boiteux clochaient ensemble, et les manchots gesticulaient du seul bras qui leur restât. Aux bords d’une