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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/170

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Gulchenrouz s’en aperçut. Il tressaillait jusqu’au fond de son âme de ce que son aimable cousine était si agitée. Retirons-nous, lui dit-il d’une voix timide, il y a quelque chose de funeste dans les cieux. Ces tamarins tremblent plus qu’à l’ordinaire, et ce vent me glace le cœur. Allons, retirons-nous ; cette soirée est bien lugubre. En disant ces mots, il avait pris Nouronihar par la main, et l’entraînait de toutes ses forces. Celle-ci le suivit sans savoir ce qu’elle faisait. Mille idées étranges roulaient dans son esprit. Elle passa un grand rond de chèvrefeuille qu’elle aimait beaucoup, sans y faire attention ; Gulchenrouz seul, quoiqu’il courait comme si une bête sauvage était à ses trousses, ne put s’empêcher d’en arracher quelques tiges.

Les jeunes filles, les voyant venir si vite, crurent que, selon leur coutume, ils voulaient danser. Aussitôt elles s’assemblèrent en cercle et se prirent par la main ; mais Gulchenrouz, hors d’haleine, se laissa aller sur la mousse. Alors, la consternation se