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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/175

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Lorsqu’elle fut à l’entrée du vallon, d’épaisses ténèbres l’environnèrent tout à coup, et elle n’aperçut plus qu’une faible étincelle, qui était fort éloignée. Le bruit des chutes d’eau, le froissement des branches de palmier, et les cris funèbres et interrompus des oiseaux qui habitaient les troncs d’arbres : tout portait la terreur dans son âme. À chaque instant, elle croyait fouler aux pieds quelque reptile venimeux. Les histoires qu’on lui avait contées de Dives malins et des sombres Goules, lui revinrent dans l’esprit. Elle s’arrêta pour la seconde fois ; mais la curiosité l’emporta encore, et elle prit courageusement un sentier tortueux qui conduisait vers l’étincelle. Jusqu’alors elle avait su où elle était ; elle ne se fut pas plus engagée dans le sentier qu’elle se perdit. Hélas ! disait-elle, que ne suis-je dans ces appartements sûrs et si bien illuminés, où mes soirées s’écoulaient avec Gulchenrouz ! Cher enfant : comme tu palpiterais si tu errais comme moi dans ces profondes soli-