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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/186

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Aussitôt, on alla chercher la poudre ; on la mit dans du sorbet, et Nouronihar et Gulchenrouz, sans se douter de rien, avalèrent le mélange. Une heure après, ils sentirent des angoisses et des palpitations de cœur. Un engourdissement universel s’empara deux. Ils se levèrent, et, montant l’estrade avec peine, ils s’étendirent sur le sofa. Réchauffe-moi, ma chère Nouronihar, disait Gulchenrouz, en la tenant étroitement embrassée ; mets ta main sur mon cœur : il est de glace. Ah ! tu es aussi froide que moi. Le Calife nous aurait-il tué tous les deux avec son terrible regard ? Je meurs, repartit Nouronihar d’une voix éteinte, serre-moi ; que du moins j’exhale mon âme sur tes lèvres. Le tendre Gulchenrouz poussa un profond soupir, leurs bras tombèrent, et ils n’en dirent pas davantage ; tous les deux restèrent comme morts.

Alors, de grands cris retentirent dans le harem. Shaban et Sutlemémé jouèrent les désespérés avec beaucoup d’adresse. L’Émir, fâché d’en venir à ces extrémités, faisait