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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/187

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pour la première fois l’épreuve de la poudre, et n’avait pas besoin de contrefaire l’affligé. On avait éteint les lumières. Deux lampes jetaient une triste lueur sur le visage de ces belles fleurs, qu’on croyait fanées dans le printemps de leur vie : et les esclaves, qui étaient rassemblés de toutes parts, restèrent immobiles au spectacle qui s’offrait à leurs yeux. On apporta les vêtements funèbres : on lava leurs corps avec de l’eau de rose : on les revêtit de simarres plus blanches que l’albâtre ; et leurs belles tresses, nouées ensemble, furent parfumées des odeurs les plus exquises.

On allait poser sur leurs têtes deux couronnes de jasmin, leur fleur favorite, lorsque le Calife, qui venait d’apprendre cet événement tragique, arriva. Il était aussi pâle et hagard que les Goules qui errent la nuit dans les sépulcres. Dans cette circonstance, il s’oublia lui-même et le monde entier : il se précipita au milieu des esclaves, se prosterna au pied de l’estrade,