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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/191

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essayèrent même de se lever ; mais, les forces leur manquant, ils retombèrent sur leur lit de feuilles. Aussitôt, Sutlemémé leur fit avaler d’un cordial dont l’Émir l’avait munie.

Alors, Gulchenrouz se réveilla tout à fait, éternua bien fort, et se leva avec un élan qui marquait toute sa surprise. Lorsqu’il fut hors de la cabane, il huma l’air avec une extrême avidité, et s’écria : Je respire, j’entends des sons, je vois un firmament semé d’étoiles ! j’existe encore ! À ces accents chéris, Nouronihar se débarrassa des feuilles, et courut serrer Gulchenrouz dans ses bras. Les longues simarres dont ils étaient revêtus, leurs couronnes de fleurs et leurs pieds nus, furent les premières choses qui frappèrent ses regards. Elle cacha son visage dans ses mains pour réfléchir. La vision du bain enchanté, le désespoir de son père, et surtout la figure majestueuse de Vathek lui roulaient dans l’esprit. Elle se ressouvenait d’avoir été malade et mourante, aussi bien que Gul-