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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/212

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opiat qui lui suffisait et dont elle faisait part à ses chères muettes.

À la nuit tombante, Alboufaki s’arrêta tout court, et frappa du pied. Carathis connaissait ses allures, et comprit qu’elle devait être dans le voisinage d’un cimetière. En effet, la lune jetait une pâle lueur qui lui fit bientôt entrevoir une longue muraille et une porte à demi ouverte et si élevée, qu’elle pouvait y faire passer Alboufaki. Les misérables guides qui touchaient à l’extrémité de leurs jours, prièrent alors humblement Carathis de les enterrer, puisqu’elle en avait la commodité et rendirent l’âme. Nerkès et Cafour plaisantèrent à leur manière sur la sottise de ces gens, trouvèrent l’aspect du cimetière fort à leur gré, et les sépulcres bien réjouissants ; il y en avait au moins deux mille sur la pente d’une colline. Carathis, trop occupée de ses grandes vues pour s’arrêter à ce spectacle, quelque charmant qu’il fût à ses yeux, s’avisa de tirer parti de sa situation. Assurément, se disait-elle, un si beau cimetière est hanté par les Goules :