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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/213

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cette espèce ne manque pas d’intelligence ; comme j’ai laissé mourir mes bêtes de guides faute d’attention, je demanderai mon chemin aux Goules, et, pour les amorcer, je les inviterai à se régaler de ces corps frais. Après ce sage monologue, elle parla des doigts à Nerkès et à Cafour, leur disant d’aller frapper aux tombeaux, et d’y faire entendre leur joli ramage.

Les négresses, toutes joyeuses de cet ordre, et qui se promettaient beaucoup de plaisir dans la compagnie des Goules, partirent avec un air de conquête, et se mirent à faire toc ! toc ! contre les sépulcres. À mesure qu’elles frappaient, on entendait un bruit sourd dans la terre, les sables se remuaient, et les Goules, attirés par la fraîcheur des nouveaux cadavres, sortaient de toutes parts avec le nez en l’air. Tous se rendirent devant un cercueil de marbre blanc où Carathis était assise entre les deux corps de ses malheureux conducteurs. Cette princesse reçut son monde avec une politesse distinguée, et après avoir soupé,