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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/226

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mère, et finit son souper. À minuit, il décampa au bruit des fanfares et des trompettes ; mais on avait beau timbaler, on ne pouvait s’empêcher d’entendre les cris de l’Émir et de ses barbons, qui, à force de pleurer, étaient devenus aveugles, et n’avaient pas un poil de reste. Nouronihar, à qui cette musique faisait de la peine, fut fort aise quand elle ne fut plus à portée de l’ouïr. Elle était avec le Calife dans la litière impériale, et ils s’amusaient à se représenter toutes les magnificences dont ils devaient être bientôt entourés. Les autres femmes se tenaient bien tristement dans leurs cages, et Dilara prenait patience, en pensant qu’elle allait célébrer les rites du feu sur les augustes terrasses d’Istakhar.

En quatre jours, on se trouva dans la riante vallée de Rocnabad. Le printemps y était dans toute sa vigueur ; et les branches grotesques des amandiers en fleurs se découpaient sur L’azur d’un ciel étincelant. La terre jonchée d’hyacinthes et de jonquilles exhalait une douce odeur ;