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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/228

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allèrent au-devant du Calife, avec de petits paniers remplis de figues, de miel et de melons. Pendant qu’ils s’avançaient en procession et à pas comptés, les chevaux, les chameaux et les gardes faisaient un horrible dégât parmi les tulipes et les autres fleurs de la vallée. Les santons ne pouvaient s’empêcher de jeter un œil de pitié sur ces ravages, tandis que, de l’autre, ils regardaient le Calife et le Ciel. Nouronihar, enchantée de ces beaux lieux qui lui rappelaient les aimables solitudes de son enfance, pria Vathek de s’arrêter : mais ce prince, pensant que tous ces petits oratoires pourraient passer, dans l’esprit du Giaour, pour une habitation, ordonna à ses pionniers de les abattre. Les santons restèrent pétrifiés alors qu’on exécutait cet ordre barbare ; ils pleuraient à chaudes larmes, et Vathek les fit chasser à coups de pieds par des eunuques. Alors, il descendit de sa litière avec Nouronihar, et ils se promenèrent dans la prairie, tout en cueillant des fleurs et en se disant des gaillar-