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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/229

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dises ; mais les abeilles, qui étaient bonnes musulmanes, se crurent obligées de venger la querelle de leurs chers maîtres, les santons, et s’acharnèrent tellement à les piquer, qu’ils furent trop heureux que leurs tentes se trouvassent prêtes à les recevoir.

Bababalouk, auquel l’embonpoint des paons et des tourterelles n’avait pas échappé, en fit mettre tout de suite quelques douzaines à la broche, et autant en fricassées. On mangeait, on riait, on trinquait, on blasphémait à plaisir, quand tous les Moullahs, tous les Cheiks, tous les Cadis et tous les Imans de Schiraz, qui n’avaient pas apparemment rencontré les santons, arrivèrent avec des ânes parés de guirlandes, de rubans et de sonnettes d’argent, et chargés de tout ce qu’il y avait de meilleur dans le pays. Ils présentèrent leurs offrandes au Calife, en le suppliant d’honorer leur ville et leurs mosquées de sa présence. Oh ! pour cela, dit Vathek, je m’en garderai bien ; j’accepte vos présents, et vous prie de me laisser tranquille, car je