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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/230

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n’aime pas à résister à la tentation : mais, comme il n’est pas décent que des gens aussi respectables que vous s’en retournent à pied, et que vous avez la mine d’être d’assez mauvais cavaliers, mes eunuques auront la précaution de vous lier sur vos ânes, et prendront surtout bien garde que vous ne me tourniez pas le dos ; car ils savent l’étiquette. Il y avait parmi eux de vigoureux cheiks, qui, croyant que Vathek était fou, en disaient tout haut leur opinion : Bababalouk prit soin de les faire garrotter à doubles cordes ; et, piquant tous les ânes avec des épines, ils partirent au grand galop, tout en ruant et s’entre-choquant de la manière la plus plaisante du monde. Nouronihar et son Calife jouissaient, à l’envi l’un de l’autre, de cet indigne spectacle ; ils faisaient de grands éclats de rire, lorsque les vieillards tombaient avec leur monture dans le ruisseau, et que les uns devenaient boiteux, d’autres manchots, d’autres brèche-dents, ou pis encore.

On passa deux jours fort délicieusement à