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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/234

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parole au Calife, lui dit : Prince insensé, à qui la Providence a confié le soin des peuples ! est-ce ainsi que tu réponds à ta mission ? Tu as mis le comble à tes crimes ; te hâtes-tu à pressent de courir à ton châtiment ? Tu sais qu’au-delà de ces montagnes Eblis et ses Dives maudits tiennent leur funeste empire, et, séduit par un malin fantôme, tu vas te livrer à eux ! C’est ici le dernier instant de grâce qui t’est donné : abandonne ton atroce dessein, retourne sur tes pas, rends Nouronihar à son père qui a encore quelque reste de vie, détruis la tour avec toutes ses abominations, chasse Carathis de tes conseils, sois juste envers tes sujets, respecte les Ministres du Prophète, répare les impiétés par une vie exemplaire, et, au lieu de passer tes jours dans les voluptés, va pleurer tes crimes sur les tombeaux de tes pieux ancêtres ! Vois-tu ces nuages qui te cachent le soleil ? Au moment que cet astre reparaîtra, si ton cœur n’est pas changé, le temps de la miséricorde sera passé pour toi.