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Page:Beckford - Vathek, éd. Mallarmé, 1893.djvu/240

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tagne contre laquelle la terrasse était adossée trembla, et que les phares semblèrent s’écrouler sur leurs têtes. Le rocher s’entr’ouvrit, et laissa voir dans son sein un escalier de marbre poli, qui paraissait devoir toucher à l’abîme. Sur chaque degré étaient posés deux grands cierges, semblables à ceux que Nouronihar avait vus dans sa vision, et dont la vapeur camphrée s’élevait en tourbillon sous la voûte.

Ce spectacle, au lieu d’effrayer la fille de Fakreddin, lui donna un nouveau courage ; elle ne daigna pas seulement prendre congé de la lune et du firmament, et sans hésiter, quitta l’air pur de l’atmosphère, pour se plonger dans des exhalaisons infernales. La marche de ces deux impies était fière et décidée. En descendant à la vive lumière de ces flambeaux, ils s’admiraient l’un l’autre, et se trouvaient si resplendissants, qu’ils se croyaient des intelligences célestes. La seule chose qui leur donnait de l’inquiétude, c’était que les degrés ne finissaient point. Comme ils se hâtaient